Nicolas Sabouret, professeur spécialisé en Intelligence Artificielle (IA) à Paris-Saclay explique lors d’une conférence à Saint-Pétersbourg ce que l’IA est, et n’est pas.
« Les humains ont toujours construit des machines, et ont toujours été effrayé de leurs créations. Tout comme ils le sont avec l’Intelligence Artificielle. L’IA n’est pas nouvelle. L’excitation actuelle mêlée à la peur qui l’entoure est déjà arrivée auparavant dans les années 60, juste après son invention.
À cette époque, toute sorte d’experts prédirent qu’une révolution de l’intelligence machine arriverait rapidement. Comme nous le savons aujourd’hui, ce ne fut pas le cas : la population se désintéressa de cette technologie.
Mais il est important de noter que l’IA est différente des créations humaines précédentes. Elle ne dépasse pas simplement l’humain sur le plan physique comme l’ont fait des inventions comme la voiture et la machine à tisser. Elle défie les humains sur leur terrain prédominent : la pensée. On considère à raison qu’une grande intelligence est une caractéristique propre aux hommes. Le simple fait de perdre cet atout est une idée qui nous terrifie.
« Il y a une grosse différence entre penser et calculer. »
Cependant, le propos de l’Intelligence Artificielle n’est pas « juste » de construire des machines intelligentes mais d’avoir des machines effectuant des actions qui nécessiteraient de l’intelligence si ces dernières étaient faites par des humains. La différence peut s’avérer être subtile mais ce n’est pas le cas. Il y a une grosse différence entre penser et calculer.
Il n’y a cependant pas de doute : l’IA va certainement nous dépasser dans plusieurs domaines : elle nous est déjà supérieure dans la plupart des jeux de stratégies (échecs, go…).
Quand nous conduisons, elle peut contrôler nos trajets, nous empêcher de sortir de la route ou bien nous arrêter avant un choc certain. Sur nos smartphones, nous nous appuyons sur elle pour sélectionner les informations les plus pertinentes. Mais tout cela est possible en utilisant des algorithmes qui ont été patiemment codés par des développeurs et des informaticiens. Ce que l’on considère comme « intelligent » n’est ni plus ni moins qu’un programme avec la même autonomie qu’une caisse enregistreuse.
Il y a cependant une différence entre la révolution de l’IA d’aujourd’hui et la précédente. Elle réside dans la possibilité d’avoir accès à des grandes quantités de données pour effectuer des paramètres pour les programmes. Cela ne veut pas dire que la machine apprend d’elle-même. L’IA construit simplement sa décision en trouvant les modèles les plus probables dans les données qui lui sont fournies. Elle effectue cela d’une manière qu’aucun humain ne pourrait. Cependant, cela n’est ni de l’apprentissage, ni de la pensée, mais bien du calcul.
Nous craignons ce que nous ne comprenons pas. Comprendre comment l’Intelligence Artificielle fonctionne est alors une priorité, pour que la société puisse ainsi décider, d’une manière informée, de l’avenir de cette technologie. »
Nicolas Sabouret, professeur à Paris-Saclay, lors d’une conférence à St-Pétersbourg.
Source : Tampabay